Le faisan d’Edwards, animal endémique du Vietnam
Pour continuer la présentation des faisans…
avec l’aide précieuse de Robert Muller, amateur averti dans le domaine de l’élevage des faisans.
A la recherche de ce faisan stupéfiant et peut-être éteint
Personne n’a vu l’oiseau insaisissable dans la nature depuis près de deux décennies, mais il pourrait encore habiter les vallées montagneuses ravagées par la guerre du Vietnam.Cette espèce se compose de 2 sous espèces: le faisan d’Edwards et le faisan du Viêt Nam (sous espèce découverte récemment)
Le faisan d’Edwards Lophura edwardsi
Le faisan d’Edwards est une petite espèce de faisan, endémique du Vietnam. Il doit son nom au zoologiste et paléontologiste français Alphonse Milne-Edwards (1835-1900), qui termina sa carrière comme directeur du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.
Les mâles possèdent un plumage bleu métallique, des pattes rouges, une courte crête blanche et des caroncules rouge vif autour des yeux.
Les femelles sont beaucoup plus ternes, et présentent un plumage brun. Elles n’ont pas de crête et leurs caroncules sont plus petites et plus pâles. Le faisan d’Edwards semble être un des rares oiseaux à aimer la pluie, en raison des zones humides qu’il fréquente en Asie. La saison de reproduction de cette espèce varie d’ailleurs en fonction du climat. Très territoriaux, les mâles protègent leur nid de façon très agressive pendant cette période. A la naissance les jeunes se développent très rapidement et sont emplumés après quelques mois.
Jean Théodore Delacour « ornithologue américain d’origine française « 26 septembre 1890- 5 novembre 1985 » qui fit de nombreuses expéditions entre 1925 et 1930 au Viêt-Nam n’a aperçu lui-même que deux fois le faisan d’ Edwards à l’état sauvage en 1924, c’est dire la rareté de cette espèce, déjà à cette époque.
En parallèle, l’élevage en captivité œuvre à la re-dynamisation de l’espèce, en vue d’une réintroduction dans la nature. En 1923, Jean Delacour avait expédié 15 oiseaux en France. Ils s’acclimatèrent facilement, et le nombre d’individus augmenta de façon spectaculaire au fil des années. Alors que l’on croyait l’espèce disparue à l’état sauvage, on comptait 690 oiseaux captifs en 1982, 734 en 1996, et plus de 1000 ces dernières années, répartis en France, en Angleterre et au Japon.
Dans ces pays, de nombreux organismes, dont le Parc de Clères, travaillent actuellement afin d’améliorer la reproduction de l’espèce.
Néanmoins, du fait de la situation précaire du faisan d’Edwards dans la nature, et des soucis concernant sa protection, l’UICN a décidé de le placer dans la catégorie « En danger » et envisage de le classer comme espèce « En danger critique d’extinction », si la situation ne s’améliore pas.
UICN, Union internationale pour la conservation de la nature.
Un peu d’histoire.
Le village de Thua Luu, dans la province de Thua Thien-Hue au centre du Vietnam, est niché dans l’étroite bande côtière entre les montagnes Annamites et la mer de Chine méridionale. Juste derrière les voies ferrées se trouve une imposante église catholique française avec une porte en fer forgé portant la date de sa consécration: 1894.
Les missionnaires qui vinrent à l’époque de l’Indochine française étaient souvent des hommes de science . Un an après la construction de l’église, le Père Jean-Nicolas Renauld trouva dans les collines au nord de Thua Luu quatre spécimens d’oiseaux. C’était un faisan d’une beauté saisissante. Le plumage du mâle était d’un bleu chatoyant et irisé. Il avait une crête blanche et hirsute, et son visage était rouge vif, ses pattes étaient plus vermillon. La femelle était plus discrète, mais quand elle fût plus visible à la la lumière, il y avait des nuances subtiles de marron et un éclat vert métallique au bord de ses ailes.
Les scientifiques présents sur place envoyèrent plusieurs spécimens de cet oiseau au Muséum d’histoire naturelle de Paris, où l’oiseau reçut son nom linnéen: Gennaeus Edwardsi (plus tard reclassé Lophura edwardsi), en l’honneur du directeur du musée, Alphonse Milne-Edwards. Et ce fut la dernière personne à l’extérieur du Vietnam à voir cette espèce jusqu’à ce que l’aristocrate explorateur et ornithologue français Jean Delacour arrive en Indochine un quart de siècle plus tard.
. En 1922, le gouverneur de ce qui était alors le protectorat de l’Annam invita Delacour à faire le premier recensement complet des oiseaux de l’Indochine française. Homme d’une énergie redoutable, Delacour finira par faire sept expéditions dans les parties les plus reculées du Vietnam, du Laos et du Cambodge.
Dans la ville de Quang Tri, Delacour a rencontré Pierre Jabouille, un administrateur colonial passionné de zoologie. Jabouille invita Delacour a visiter sa petite volière qui comprenait trois Lophura edwardsi vivants. Depuis l’enfance, les faisans étaient la passion de Delacour et il était fasciné par la beauté «bleue brillante» de l’oiseau.
C’était une créature timide et secrète, écrivait Delacour, sortant rarement de son habitat favori de «pentes humides et montagneuses couvertes de broussailles et de lianes».
Jabouille a rejoint Delacour dans ses expéditions, et ensemble ils ont amassé une collection de 38 000 spécimens, des mammifères et des oiseaux, dont 140 espèces auparavant non connues auparavant. Dans les forêts de Thua Thien-Hue et de Quang Tri, ils ont recueilli 64 faisans vivants d’Edwards, suggérant que l’oiseau n’était pas rare à l’époque. Sa forteresse la plus méridionale semblait être le col des Nuages - aujourd’hui le col Hai Van – et les contreforts de la chaîne de Bach Ma, qui s’étend de la plaine côtière derrière Thua Luu à 1,500 km d’ altitude .
Un faisan d’Edwards mâle dans le zoo de Hanoi, le descendant direct d’un oiseau capturé dans la nature fait maintenant parti du programme d’élevage pour réintroduire l’espèce dans la nature.
En 2012, l’Union internationale pour la conservation de la nature a placé le faisan d’Edwards sur sa liste des 100 espèces les plus menacées. Ce bel oiseau pourrait-il être éteint? Pour les ornithologues vietnamiens, la question est devenue une quasi-obsession. Ont-ils regardé aux bons endroits? Pourquoi disparaîtrait-il alors que ses proches parents survivraient? Et s’il avait vraiment disparu, pourrait-il établir une nouvelle population sauvage avec des oiseaux élevés en captivité?
Articles sur les faisans en collaboration avec Robert Muller